LE MONDE – Paris-Dauphine et Sciences Po, alternatives aux écoles de commerce

10/11/2017 | 12:00 Sciences Po médias  



En matière de finance notamment, ces grands établissements ont des atouts à faire valoir à côté des grandes écoles de commerce, parmi lesquels le coût modéré des formations.

Où trouve-t-on les masters de finance les plus « rentables » du monde ? Selon le ­Financial Times, c’est à l’université Paris-Dauphine qu’il faut se rendre : elle est en tête sur le critère de la « valeur » (value) de ses diplômes de finance, en termes de « retour sur investissement » pour l’étudiant. Certes, les masters de finance de la Sloan School of Management du MIT (Massachusetts Institute of Technology), aux Etats-Unis, permettent d’accéder aux meilleurs salaires de sortie (143 654 dollars annuels), le double de ceux promis à leurs homologues de Paris-Dauphine (72 091 dollars). Mais ces cursus ne coûtent pas le même prix. Sur ce critère du ratio montant investi/salaire à la sortie, c’est Dauphine qui prend la tête.

Et il n’y a pas que la finance. Sur le seul indice de la rentabilité de ses diplômes, pour les masters de management, l’université parisienne se classe encore au huitième rang mondial, et donc au premier rang français, selon le ­Financial Times, alors qu’HEC, reine française au classement général, ne pointe qu’en 34e position sur ce seul critère de la ­« valeur » pour l’étudiant.



On peut certes espérer gagner, selon le FT, pas moins de 99 145 dollars annuels à la sortie d’HEC, contre 56 985 dollars après Dauphine. Mais là encore ce gain ne s’obtient qu’en payant beaucoup plus cher, compte tenu des frais de scolarité très élevés d’HEC ou de ses consœurs.

Avec son statut public, ce fleuron du pôle universitaire Paris Sciences & Lettres (PSL) apparaît comme la « bonne affaire ». ­Bénéficiant du statut souple de « grand établissement » (établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel), l’université Paris-Dauphine a augmenté, à partir de 2010, les tarifs d’inscription de ses « diplômes de grand établissement conférant le grade de master ». Ces derniers, modulés en fonction des revenus du foyer, peuvent désormais coûter jusqu’à 6 160 euros pour l’année universitaire 2017-2018 par exemple (à partir d’un revenu de 120 000 euros brut global du foyer fiscal de référence). Même importants, ces frais restent moins élevés que ceux d’HEC, qui dépassent les 15 000 euros.

L’école de Jouy-en-Josas, et ses concurrentes directes, l’Essec, l’ESCP Europe ou l’Edhec, gardent cependant de nombreux arguments à faire valoir en termes d’opportunités de carrière. Et bien fol qui prétendrait aujourd’hui détrôner HEC, placée en mai par The Economist en tête du top 40 mondial des ­masters de management. Le ­magazine britannique de référence dans l’économie mondiale a même mis l’école française dans une ­catégorie à part, la ­distinguant de ses poursuivantes.


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Dans le palmarès du Financial ­Times – autre référence –, l’école française conserve sa deuxième place mondiale en management, juste derrière l’université de Saint-Gall (Suisse), sur une liste de 95 formations. Dans ce classement ­général, Dauphine apparaît loin derrière, en 68e position.

Dans le peloton de tête du ­concours de beauté anglo-saxon, d’autres écoles de commerce françaises suivent néanmoins de près HEC : l’Essec (4e en management pour The Economist, 5e pour le ­Financial Times) et l’ESCP Europe (6e pour le FT) pointent aussi dans les dix premières places mondiales.D’autres grandes écoles françaises font fort, en particulier l’Edhec (Lille), en 16e place mondiale dans les deux classements. Et le quatuor brille encore davantage dans le palmarès 2017 des masters en finance du Financial Times, puisqu’il y occupe les quatre premières places mondiales, dans cet ordre : Edhec, HEC, Essec et ESCP Europe, reléguant en cinquième place la Sloan School of Management du MIT. Et si elle affiche le meilleur rapport qualité-prix des masters en finance, Dauphine n’arrive qu’à la 25e place du classement général.

Ces palmarès sont précieux pour attirer à la fois les meilleurs enseignants, les élèves les plus ambitieux, et pour obtenir plus facilement des financements, tout en forgeant une image de marque séduisante pour les recruteurs. Même s’ils ne sont pas, en définitive, les mieux placés, les grands établissements ont compris qu’ils avaient une carte à jouer dans le paysage des formations au management et à la finance, et des atouts à faire valoir.


C’est ainsi le cas de Paris-Dauphine mais aussi de Sciences Po Paris, grand établissement dont sept diplômés sur dix partent ­directement travailler, à leur sortie, dans le secteur privé. Selon l’enquête « Insertion sur le devenir de la promotion 2015 », un an après, 21 % ont trouvé leur premier emploi dans le secteur de l’audit et le conseil, premier ­recruteur de ces diplômés devant la fonction publique (14 %), 9 % dans le secteur financier (banque, finance, assurance), 8 % dans l’industrie (incluant l’énergie et les transports), 7 % dans des ONG ou des associations.

A la rentrée 2017, l’institution de la rue Saint-Guillaume a ouvert son « école du management et de l’innovation », qui ­regroupe à Paris un millier d’étudiants de ses masters consacrés à ces thématiques, sur lesquelles elle entend se développer. Sciences Po devient ainsi de plus en plus une « business school », avec une spécificité sur les sciences sociales, comme les « humanités numériques ». Et comme à Dauphine, les frais d’inscription varient selon les ressources des étudiants, même s’ils peuvent atteindre jusqu’à 14 100 euros en master, un coût pour les étudiants les plus aisés qui est finalement proche de celui des écoles de commerce.

Sciences Po n’est pas (ou pas encore) pris en compte par le Financial Times et The Economist, mais – signe des temps et de la montée en puissance de ces « alter écoles de commerce » à la française – la société de notation financière Fitch a renouvelé en septembre sa note A + attribuée au grand établissement, saluant dans son communiqué « l’excellence académique de l’institution, au ­niveau national et international, ainsi que sa position particulière dans le paysage universitaire français qui suscite une demande étudiante soutenue ».




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