Le Figaro – L’idée européenne toujours populaire à Sciences Po

28/05/2019 | 12:00 Sciences Po médias  
REPORTAGE - Rue Saint-Guillaume à Paris, une soirée spéciale organisée en partenariat avec Le Figaro, Europe 1 et Arte a réuni professeurs, étudiants et universitaires étrangers s’exprimant en duplex.
 
La tonalité dominante des débats à Sciences Po, lors de la soirée spéciale élections européennes, organisée en partenariat avec Le Figaro, Europe 1 et Arte, traduisait la popularité de l’idée européenne à l’Institut d’études politiques. Après avoir sagement patienté à la «Péniche», hall d’entrée principal du prestigieux établissement d’enseignement supérieur, de nombreux jeunes, étudiants maison ou non, et quelques inscrits plus âgés, ont très vite rempli les 800 places des deux étages de l’amphi Émile-Boutmy.
 
Au premier rang figurait le directeur de l’école, Frédéric Mion. À la tribune, on reconnaissait Olivier Duhamel, président de la Fondation nationale des sciences politiques, et Enrico Letta, ancien président du Conseil italien et doyen de l’École des affaires internationales de Sciences Po-PSIA. Ils furent bientôt rejoints par des professeurs, des chercheurs, mais aussi des étudiants de toutes nationalités.
 
Sur les 13.000 étudiants répartis sur sept campus multiculturels que compte l’école, 6000 sont étrangers, dont 3050 Européens. Étaient également prévues, au cours de la soirée, des interventions en duplex de spécialistes enseignant dans diverses universités partenaires*
 
Très vite, les premières estimations des résultats en France ont été rendues publiques. Les jeunes étudiants ont chahuté la victoire du Rassemblement national et applaudi les scores des listes LREM et EELV, mais aussi… le revers cuisant de la liste Les Républicains.
 
Olivier Duhamel a critiqué les sondeurs qui ont surestimé tant le score de LR que le taux d’abstention. Et fustigé les journalistes qui sont allés «au plus facile» en misant sur des considérations politiciennes nationales au détriment des vrais enjeux européens. «Emmanuel Macron, avec la percée des Verts, a perdu son pari d’un duel LREM-RN», a argumenté l’universitaire. Enrico Letta, pour sa part, a jugé que l’Europe était enfin perçue comme une «valeur ajoutée» - notamment chez les jeunes qui ont contribué à la montée des Verts en France et en Allemagne.
 
Parmi les étudiants, Jules, âgé de 20 ans, en deuxième année à Sciences Po, a douté que les écologistes parviennent à former une grande alliance au Parlement européen. Lina,  âgée de 19 ans, en deuxième année à Sciences Po et à la Sorbonne, s’est inquiétée de la montée des populismes en Europe mais a déploré «la façon de les diaboliser systématiquement».
Cornelia Woll, professeur au Centre d’études européennes et de politique comparée, a souligné le nombre très élevé de listes en lice en Allemagne (41, contre 34 en France). En raison de la remise en cause de la«grande coalition» d’Angela Merkel, liée au net recul des conservateurs (CDU/CSU) et des sociaux-démocrates (SPD), elle s’est interrogée sur la nécessité d’élections anticipées. Enrico Letta a plaidé aussitôt pour la nomination de la chancelière allemande à la tête du Conseil européen.
 
Au fil des résultats, les échanges entre les participants à Paris et ceux, en duplex, des universités partenaires se sont multipliés. Yakupo, étudiant en histoire, a regretté que les Tchèques et les Slovaques aient préféré ne pas aller voter afin de… regarder la suite des Mondiaux de hockey sur glace à Bratislava (Slovaquie). Jacques Rupnik, spécialiste de l’Europe orientale et centrale au Centre de recherches internationales (Ceri), a invité à ne plus parler du «bloc nationaliste» des pays d’Europe centrale, tant leurs sentiments vis-à-vis de l’Union européenne divergeaient.
 
Comme dernier intermède musical, deux étudiants de Sciences Po ont interprété au piano et au violon un air de La Méditation de Thaïs, de Jules Massenet. À l’extérieur de l’IEP, quelques étudiants se tenaient encore au pied de la façade illuminée par les étoiles du drapeau européen ainsi que par les portraits de Simone Veil, Robert Schuman, Jean Monnet ou encore Winston Churchill.
 
* L’université Bocconi de Milan, la Hertie School of Governance de Berlin, la Stockholm School of Economics, la London School of Economics et l’université Charles de Prague ainsi que toutes les universités de Civica (projet d’alliance européenne d’universités en sciences sociales).
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