Pap Ndiaye, un grand universitaire au service de l’Education nationale

23/05/2022 | 12:00 Communiqués de presse  

Sciences Po s’honore de compter parmi les membres de sa communauté académique permanente, Pap Ndiaye, nommé ministre de l’Éducation nationale et de la jeunesse le 20 mai 2022.

Pap Ndiaye est professeur des universités à Sciences Po depuis 2012. Il a été placé en détachement de notre établissement en 2019 lorsqu’il est devenu directeur général du palais de la Porte-Dorée et directeur du musée de l'Histoire de l'immigration.

Universitaire brillant et engagé, il est tout d’abord l’un des meilleurs historiens spécialistes de la période contemporaine de sa génération. Les axes forts de ses travaux portent sur l’histoire industrielle, l’histoire des États-Unis et l’histoire contemporaine des Africains-Américains. Il n’a eu de cesse, toutefois, d’élargir et de diversifier ses recherches ainsi que son enseignement.

S’appuyant sur des sources riches, de première main, souvent peu exploitées, et sur une connaissance fine et profonde des sociétés contemporaines, croisant les perspectives de l’histoire des techniques, de l’histoire politique, de l’histoire sociale et de l’histoire culturelle, les travaux de Pap Ndiaye sont également servis par une qualité d’écriture rare, en français comme en anglais. L’histoire des techniques (notamment sa thèse de doctorat : Du nylon et des bombes : DuPont de Nemours, le marché et l'État américain) l’a amené à se spécialiser dans l’étude des États-Unis. Ses recherches sur les États-Unis l’ont conduit à s’intéresser à la Condition noire (pour reprendre le titre d’un de ses ouvrages les plus connus), y compris hors des États-Unis.

Sa trajectoire intellectuelle, qui allie approfondissement des sujets et ouverture à des thèmes nouveaux, a permis à Pap Ndiaye d’enrichir chacun de ses nouveaux terrains de recherche des fruits de ses travaux antérieurs.

Outre la qualité de son œuvre scientifique, Pap Ndiaye a consacré une grande partie de son temps à la diffusion du savoir. L’enseignement a occupé une large place dans ses activités d’enseignant-chercheur. À Sciences Po, il est intervenu dans tous les cycles, a dirigé des thèses, présidé de nombreux jury d’admission ou de diplomation et a été directeur du département d’histoire de 2014 à 2017, à la plus grande satisfaction de ses élèves et de ses collègues, faisant preuve en toutes circonstances, d’une hauteur de vue, d’un sens de l’écoute et du dialogue, ainsi que d’une grande intégrité académique.

Avant même de prendre la direction d’un musée, Pap Ndiaye a lui aussi utilisé les formes artistiques comme mode d’investigation intellectuelle et source de réflexion. Notamment en collaborant à l'exposition Le Modèle noir, de Géricault à Matisse (musée d'Orsay, 2019).

Enfin, il a été un acteur très actif de la politique d’ouverture sociale de Sciences Po et un des plus fidèles soutiens aux Conventions éducation prioritaire (CEP), participant directement à la promotion de cette voie d’admission au sein de certains lycées.

Tout au long de sa carrière Pap Ndiaye a témoigné d’une conception profondément citoyenne de sa fonction et d’une idée très élevée du rôle des sciences humaines et sociales dans la compréhension des grands enjeux du monde contemporain. Il a toujours mis son savoir et ses idées au service du plus grand nombre, sans sectarisme, dans le strict respect des règles du débat universitaire, celles d’un échange serein d’arguments rationnels, étayés par des faits, où les prises de position s’appuient sur des connaissances, sur une expertise. En cela, il est en tout point fidèle aux principes fondamentaux sur lesquels repose Sciences Po depuis cent-cinquante ans et s’inscrit dans la droite ligne des plus grands professeurs de notre maison. Il incarne ce qui se pratique de plus exemplaire dans l’enseignement supérieur, la recherche et les sciences humaines et sociales.

Celles et ceux qui, dès sa nomination, ont engagé une chasse aux sorcières à son encontre sont emblématiques de cette méconnaissance, trop largement partagée, de l’enseignement supérieur et de la recherche, teintée de mépris pour les sciences humaines et sociales. Les nuances de la pensée, le doute méthodique, les principes de l’enquête, les subtilités de la controverse scientifique, leur sont étrangers. Ils nous donnent, par les voies étriquées et tortueuses de la malhonnêteté intellectuelle et de la vacuité argumentative, un bel exemple de la nécessité brûlante d’accorder la plus haute importance à la formation (de l’école primaire jusqu’au doctorat) et à la recherche.

C’est bien pourquoi il y a tout lieu de se réjouir qu’un historien de la trempe de Pap Ndiaye, qu’un universitaire français reconnu internationalement, ait été nommé à la tête d’un ministère aussi crucial que l’est le ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse.

 

 

Laurence Bertrand Dorléac, Présidente de la FNSP                                Mathias Vicherat, Directeur de Sciences Po

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