Sciences Po lance la Maison des Arts et de la Création
Paris, le 15 mars 2023
1. L'art à Sciences Po
Une longue histoire
En 1872, Émile Boutmy, fondateur de Sciences Po, alors titulaire d’une Chaire d’histoire de l’art à l’École spéciale d’architecture, avait mis « les lettres et les arts » au fronton de son ambitieux programme pour une nouvelle forme d’établissement universitaire français.
Contraint, pour des raisons budgétaires, de se concentrer sur les enseignements qui paraissaient immédiatement utiles aux hauts fonctionnaires et aux entrepreneurs, le grand projet initial de Boutmy dut replier un peu ses ailes de géant. Néanmoins, tout au long du XXe siècle, la rue Saint-Guillaume n’a cessé d’offrir des enseignements sur le mouvement des idées, les formes de représentation du politique et du social, les rapports entre l’art et les cultures contemporaines, la littérature et la politique...
À la fin des années 1980, la grande réforme des études portée par le directeur de Sciences Po, Alain Lancelot, s’appuie largement sur les enseignements culturels et artistiques. La littérature, le théâtre, le cinéma, l’art, l’architecture, la culture font l’objet d’enseignements dits « d’ouverture ». En outre, des « conférences de lecture » hebdomadaires obligatoires sont introduites dans le premier cycle. Les étudiantes et les étudiants, quant à eux, convainquent la direction de créer une « Semaine des arts » qui depuis lors, chaque année, leur permet d’exprimer individuellement et collectivement tous leurs talents.
Au début des années 2000, Richard Descoings prend l’initiative de créer une « spécialité Culture » dans le master de Sciences Po, s'adressant aux étudiantes et étudiants qui se destinent à l'administration d'institutions culturelles, au management de projets culturels ou à la gestion des politiques culturelles au sein d'organisations publiques, privées ou associatives, à l’échelle nationale, européenne ou internationale. Cette spécialité devient une des composantes de l’École d’affaires publiques (EAP), dès sa fondation, en 2014.
Quelques années plus tard, l’arrivée de Bruno Latour à Sciences Po et sa nomination à la direction scientifique donnent un nouveau souffle et inspirent des initiatives audacieuses qui permettent de renouer le fil de l’ambition initiale du fondateur de Sciences Po. Pour lui, l'art est un objet de réflexion et d'action. En ce sens, il est éminemment politique. Les arts permettent aux étudiantes et aux étudiants de mieux saisir le monde dans sa totalité, dans toutes ses dimensions rationnelles et sensibles, dans toute la complexité́ de ses enjeux contemporains.
Dans cet esprit, Bruno Latour institue en 2009 la première Chaire professorale d’histoire de l’art à Sciences Po confiée, après élection, à Laurence Bertrand Dorléac, aujourd’hui présidente de la Fondation Nationale des Sciences Politiques.
En 2010, il crée le « master en arts politiques » SPEAP, formation d’une année, destinée à de jeunes professionnels des arts et des sciences humaines et sociales désireux de croiser leurs approches pour mieux aborder les grands enjeux de notre époque. Bruno Latour, disparu en octobre dernier, y a enseigné jusqu’aux derniers jours de sa vie.
Parallèlement, Richard Descoings et Bruno Latour développent des ateliers artistiques dans le cursus du Collège universitaire (premier cycle). Sciences Po propose aujourd’hui 207 ateliers artistiques dispensés par 143 enseignants.
Toujours en 2010, des étudiantes et des étudiants créent le Prix Sciences Po pour l’art contemporain.
Au cours de la décennie suivante, les arts continuent d’occuper une place grandissante à Sciences Po.
En 2014, grâce à Laurence Bertrand Dorléac, Sciences Po met en place un double diplôme avec le concours de l’École du Louvre.
En 2016, un master «Communication, médias et industries créatives» vient enrichir les programmes de l’École du management et de l’impact (EMI) et propose des masterclass, lors de « Rendez-vous de la création ». Ceux-ci ont notamment accueilli Jean-Charles de Castelbajac, Philippe Starck, Thierry Marx, Paul Smith...
Cette même année, l’École d’affaires publiques lance ses masterclass culture, et invite des créateurs tels Thomas Ostermeier, Ladj Ly, Aloïse Sauvage, Steve McCurry...
En 2019, Delphine Grouès crée le Centre d’écriture et de rhétorique et la Chaire d’écrivain en résidence.
La même année, la réforme de la procédure d’admission à Sciences Po introduit, encore une fois à l’initiative de Laurence Bertrand Dorléac, une épreuve orale de commentaire et d’analyse d’image pour tous les candidats admissibles au Collège universitaire de Sciences Po.
En 2020, un poste d’Assistant professor est ouvert au Centre d’histoire de Sciences Po et donne lieu à l’élection du jeune historien de l’art, Thibault Boulvain.
Enfin, en 2022, un Prix des œuvres d’art des élèves de Sciences Po est créé.
Pourquoi une Maison des Arts et de la Création à Sciences Po ?
Sciences Po, au cours de son histoire, a toujours été à l’avant-garde.
En lançant la Maison des Arts et de la Création, l’institution poursuit et renforce sa démarche innovante d’intégrer pleinement les arts au sein de ses enseignements et de les faire dialoguer avec les sciences humaines et sociales.
Le dialogue entre les arts et les sciences humaines et sociales est au cœur de l’ambition de Sciences Po. Décentrer les regards, développer une pensée originale, écouter, lire et s’inspirer de l’altérité, sont des piliers du projet de Sciences Po depuis sa création. L’art participe justement à la faculté de penser et comprendre différemment des problématiques complexes et les grandes transformations de nos sociétés, d’aiguiser un sens de l’analyse, de stimuler la créativité, de décloisonner les savoirs pour proposer des solutions originales, des idées nouvelles.
La Maison des Arts et de la Création a pour vocation de soutenir et d’incarner l’innovation et la transformation des enseignements par les arts, par la valorisation des méthodes intégrant les arts pour soutenir l’acquisition de compétences clés liées à la créativité, à l’analyse et à l’esprit critique. Elle intégrera ces éléments dans l’accompagnement des enseignants et dans les guides pédagogiques.
Elle propose des Chaires d’artistes en résidence, des rencontres, des ateliers, des résidences d’écriture, des masterclass sur l’ensemble des campus et des formations intensives invitant des artistes de champs variés pour qu’ils présentent leur travail et partagent leur regard singulier sur le monde et la société, invitant ainsi à une autre vision de la réalité.
La Maison des Arts et de la Création a trois objectifs prioritaires.
- La diversification et l’expérimentation dans les domaines de la formation. La Maison des Arts et de la Création place au cœur de son projet la nouveauté des méthodes qui intègrent les arts, le développement des compétences créatives, le désenclavement des savoirs. Elle accompagnera les enseignantes et les enseignants dans la diversification des méthodes d’enseignements et des formats d’évaluations des compétences. Elle mettra en valeur les initiatives existantes dans les différents programmes de formation et renforcera l’offre de contenus artistiques proposée aux étudiantes et aux étudiants comme aux autres communautés.
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Le développement d’une recherche associant les sciences humaines et sociales et les arts, sous toutes leurs formes.
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L’accueil d’artistes en résidence à Sciences Po afin de confronter leurs visions, leurs expériences, leurs questionnements, leur tempo, avec ceux des communautés de notre établissement : élèves, enseignants et salariés.
La Maison des Arts est composée de trois pilliers
- Des Chaires d’artistes en résidence, avec des rencontres, des ateliers, des masterclass sur l’ensemble des campus et des formations intensives invitant des artistes de champs variés.
- Un programme expérimental d’enseignement : SPEAP.
- Un Centre d'écriture et de rhétorique proposant 25 ateliers par an.
Elle agit en dialogue avec les chercheurs et les chercheuses de Sciences Po, en particulier avec le cercle des humanités politiques.
La Maison des Arts et de la Création mènera des actions à l’intérieur et à l’extérieur de Sciences Po.
- Soutien et accompagnement des lycées signataires des Conventions Éducation Prioritaire (CEP), en particulier dans le cadre de leur préparation à l’épreuve du commentaire d’image, mais également via des rencontres avec des artistes. Pour rappel, depuis le renforcement du dispositif des CEP, près de 200 lycées partenaires partout en France métropolitaine et dans les Outre-Mer sont désormais intégrés à ce dispositif unique dans l’enseignement supérieur.
- Développement d’actions citoyennes en lien avec l’art ; par exemple, via des ateliers d’écriture et de lecture dans les hôpitaux pour le personnel soignant, les patients et leurs familles.
- Approfondissement des partenariats universitaires, comme c’est actuellement le cas avec Harvard autour de la relation entre arts et sciences humaines et sociales.
- Participation des élèves membres des associations artistiques et des cercles d’Alumni qui seront associés aux différentes initiatives.
- Animation de la communauté des « étudiants artistes de haut niveau » et renforcement des liens avec les étudiantes et étudiants artistes de notre institution.
La diffusion et le partage des réalisations et des actions de la Maison des Arts et de la Création seront soutenus par un programme d’enregistrements et de podcasts disponibles pour tous.
Sa gouvernance
La Maison des Arts et de la Création s’appuiera sur des instances idoines pour coordonner ses actions et instruire les nouveaux projets.
- Un comité de pilotage qui rassemblera les différentes entités de Sciences Po concernées par les thématiques artistiques et culturelles.
- Un comité stratégique, rassemblant des représentants du monde des arts et des sciences humaines et sociales, qui nourrira la réflexion et dessinera les grandes lignes d’actions comme les perspectives de développement.
- Des comités de sélection pour les artistes invités, à l’image du comité de sélection de la Chaire d’écrivain en résidence.
2. Les Chaires d'artistes en résidence et le Centre d'écriture et de rhétorique
“La pratique littéraire est un mode de connaissance poétique du monde aussi important que toute l’expertise scientifique.”
Patrick Chamoiseau, titulaire de la Chaire d’écrivain en résidence - Printemps 2020
Créés en 2019, la Chaire d'écrivain en résidence, une première en France dans le monde de l’enseignement supérieur, et le Centre d’écriture et de rhétorique affirment à Sciences Po la place fondamentale de l’écriture dans les méthodes d’enseignement.
Depuis quatre ans, chaque semestre, un écrivain ou une écrivaine est en résidence à Sciences Po. Cet écrivain ou cette écrivaine est invité à dispenser deux enseignements d’écriture de création, à animer des masterclass, à participer aux événements du Centre d’écriture et de rhétorique et à le faire vivre hors les murs.
Les titulaires de la Chaire depuis 2019
Kamel Daoud | Marie Darrieussecq |
Patrick Chamoiseau |
Maylis de Kerangal |
Louis-Philippe Dalembert |
Alice Zeniter |
Mathias Enard |
Nathacha Appanah |
Mohamed Mbougar Sarr |
Chaque titulaire reçoit le Prix Michel Reybier. Créé par Karen et Michel Reybier, Céline Fribourg et Sophie Midy, ce prix vise à encourager la création littéraire et soutenir les auteurs francophones titulaires de la Chaire qui, chaque semestre, font vivre la littérature et toutes les formes d’écriture au sein de notre université.
Le Centre d’écriture et de rhétorique propose vingt-cinq cours aux étudiantes et aux étudiants dans l’ensemble des cycles de Sciences Po. Ils rejoignent des groupes inter-niveaux dans des ateliers.
Les ateliers de formation dispensés par le Centre d'écriture et de rhétorique visent à accompagner les étudiants dans les exercices académiques, à les préparer au monde professionnel, comme à les initier à une écriture libre et créative.
Trois axes sont développés
- L'argumentation
- Les arts oratoires
- L'écriture de création
Le Centre d’écriture et de rhétorique propose en outre un programme riche d’activités, de cours et de rencontres, dont une résidence d’écriture de création à l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine (IMEC) en partenariat avec la Fondation Simone et Cino Del Duca, ou la publication des écrits étudiants via des diffuseurs d’histoires courtes installés sur le site historique de Sciences Po au 27, rue St Guillaume ou sur le nouveau campus 1, place Saint Thomas.
Le Centre d’écriture et de rhétorique lancera au printemps 2023 un programme de podcasts littéraires en partenariat avec ActuaLitté. Aurélie Lévy mènera ainsi des entretiens avec les anciens titulaires de la Chaire et les partagera sur la plateforme.
Le Centre d’écriture et de rhétorique et sa Chaire d’écrivain en résidence sont soutenus par la Fondation Simone et Cino Del Duca, Karen et Michel Reybier, Céline Fribourg et Sophie Midy.
Chaque année, un intervenant issu du monde de la création cinématographique sera choisi pour en être le titulaire afin d’animer quatre masterclass pendant lesquelles il présentera son travail, conviera les personnalités de son choix et engagera une réflexion sur la création et sa représentation.
La première titulaire de la Chaire cinéma de Sciences Po est la réalisatrice Claire Denis.
Depuis son premier long métrage Chocolat, présenté en compétition officielle lors du Festival de Cannes de 1988, Claire Denis n’a cessé de renouveler son œuvre. Cinéaste du vivant et de l’humain, elle s’attache aux silences et les cadre pour mieux appréhender le dialogue des corps. Dans un univers âpre et tourmenté, des banlieues parisiennes à une Afrique qui lui est chère et où elle a grandi, Claire Denis a notamment dirigé Vincent Lindon, Béatrice Dalle, Juliette Binoche ou encore Robert Pattinson.
En 2022, elle a reçu l’Ours d'argent de la meilleure réalisation pour Avec amour et acharnement au Festival de Berlin et le Grand Prix du Jury pour Stars at Noon au Festival de Cannes.
Claire Denis est devenue la titulaire de la Chaire de cinéma de Sciences Po à l’occasion de son lancement officiel le mardi 21 février dernier. Les étudiants et les invités présents ont assisté à la projection de son film White Material et une masterclass animée par Claire Denis et modérée par Jean-Michel Frodon, critique de cinéma et enseignant à SPEAP.
Cette rencontre organisée en collaboration avec l’École d’affaires publiques a permis un échange autour de l’expérience créatrice de Claire Denis et des multiples enjeux, notamment politiques et historiques, qu’elle mobilise.
Cette masterclass était la première d’une série de quatre rencontres avec Claire Denis s’échelonnant tout au long de l’année.
4. La Chaire de musique et de danse
La Maison des Arts et de la Création entend cultiver un espace de réflexion s’appuyant sur la musique et la danse.
Une Chaire leur sera donc consacrée qui accueillera à tour de rôle un musicien et un danseur et/ou chorégraphe.
Il ou elle animera quatre masterclass pour présenter son travail, en conviant des personnalités de son choix et pour engager une réflexion sur la création et sa représentation.
Le danseur et chorégraphe Benjamin Millepied sera le premier titulaire de la Chaire de musique et de danse de Sciences Po.
Entré au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon à treize ans, Benjamin Millepied poursuit sa formation à la School of American Ballet en 1993. Engagé au New York City Ballet en 1995, il est promu soliste en 1998 et danseur « Principal » en 2002.
Parallèlement, il fait ses débuts de chorégraphe en 2001. Ses créations sont produites au Sadler’s Wells de Londres, à la Maison de la danse de Lyon, au Ballet du Grand Théâtre de Genève, au Joyce Theater de New York, à l’American Ballet Theater’s Studio Company, au Pacific Northwest Ballet, au New York City Ballet, au Het National Ballet, au Metropolitan Opera, au Pennsylvania Ballet, au Ballet du Théâtre Mariinski et au Ballet de l’Opéra national de Paris.
Benjamin Millepied a également été directeur artistique du Morris Dance Center (New York, 2004- 2005,) et « chorégraphe résident » au Baryshnikov Arts Center (New York, 2006-2007). En 2011, il quitte le New York City Ballet et fonde sa propre compagnie. De 2014 à 2016, il est directeur de la danse à l’Opéra national de Paris.
Comme pour les autres Chaires de la Maison des Arts et de la Création, des masterclass seront proposées tout au long de l’année.
Les lauréats de la fondation Gautier Capuçon, dans le cadre d’un échange avec Sciences Po, se sont produits lors de la remise de diplôme, et ont suivi entre nos murs, le jour précédent, un atelier sur la prise de parole en public.
En outre, la conférence inaugurale d’Opera for peace sera organisée, le jeudi 13 avril 2023, à Sciences Po, dans l’amphithéâtre Jacques Chapsal (27, rue Saint-Guillaume).
La Maison des Arts et de la Création lance un cycle de quatre grandes conférences par an intitulé « Dans l’œil des artistes ». De grandes figures du monde artistique seront invitées à partager leur travail et leurs modes de représentation et de création avec les étudiantes, les étudiants et les autres publics de Sciences Po.
Ils offriront leur regard singulier en les invitant à d’autres formes de connaissance sensible du monde qui nous entoure.
Chaque année, un fil rouge thématique unira ces quatre moments forts, animés par Jean de Loisy, connu pour ses grandes expositions, son émission de radio « L’art est la matière » (France Culture) et pour avoir dirigé de grandes institutions (le Palais de Tokyo et l’École nationale supérieure des Beaux-Arts).
En 2023, ce fil rouge sera « La crise de la relation ». Le philosophe Frédéric Gros, professeur des universités à Sciences Po, contribuera au dialogue entre l’art et la philosophie.
Les premiers artistes invités.
- Tino Sehgal: le 23 mars à 17h15
- Edith Dekyndt: le 20 avril à 17h15
- Tomas Saraceno
- Kapwani Kiwanga
Dans l’œil des artistes bénéficie du soutien de la Fondation Jean-François et Marie-Laure de Clermont-Tonnerre.
SPEAP
Une formation au croisement de l’art, des sciences humaines et sociales et de la politique
Créé en 2010 par Bruno Latour, le programme SPEAP (Sciences Po école des arts politiques), actuellement accueilli par l’École d’affaires publiques, rejoint la Maison des Arts et de la Création en septembre 2023.
SPEAP est le premier cursus mêlant à parité les arts et les sciences humaines et sociales. L’objectif est de confronter les spécialistes de ces dernières, mais aussi des praticiens du secteur public ou privé, aux caractéristiques et méthodes des formations artistiques et, inversement, d’offrir aux artistes une formation de haut niveau en sciences sociales.
Un laboratoire d’expérimentation
SPEAP est un laboratoire d’expérimentation scientifique, artistique et pédagogique. De jeunes professionnels d’horizons divers confrontent leurs savoirs et méthodes sur des problématiques concrètes posées par la société, mettent leurs certitudes à l’épreuve de la réalité, échangent, doutent, tâtonnent, découvrent et réfléchissent aux conséquences de leurs interventions.
L’enjeu est de parvenir à observer, à rendre compte, à explorer en commun la manière de créer un espace public partageable et de nouvelles formes d’expression pour des questions politiques, économiques, écologiques ou scientifiques, et nécessairement controversées.
Des projets en groupe en réponse à des commandes
Chaque année, des projets relevant d’enjeux réels sont réalisés en groupe, en réponse à des commandes provenant d’institutions, d’entreprises, d’associations ou d’individus.
Ils s’accompagnent de moments de débats internes et de discussions collectives, ainsi que d’interventions extérieures sur des thèmes en rapport, et donnent lieu en fin d’année à une présentation devant un jury composé d’enseignants, d’experts et des commanditaires, étape obligatoire à la validation du diplôme.
Organisation
Le programme se déroule sur une année universitaire, à temps plein. Pour être compatibles avec une activité professionnelle, les enseignements ont été organisés à raison d’une journée entière par semaine en moyenne, complétée par les cours obligatoires de l’EAP et trois semaines intensives.
Flexible, l’emploi du temps pourra être adapté au cours de l’année pour permettre des interventions ponctuelles de personnalités des mondes intellectuels, artistiques et professionnels de passage à Paris, ou aux besoins du travail en atelier et de la recherche personnelle et collective.
Le Cercle des Humanités Politiques
Face à l’urgence des enjeux contemporains, au premier rang desquels les transformations environnementales, les humanités doivent désormais reposer sur le partage des savoirs critiques et construire des ponts entre les disciplines, mais aussi entre les humains, la nature et les œuvres. Il faut maintenant imaginer une nouvelle éthique, réinventer les formes du bien commun, repenser notre place dans la Cité et sur une planète sur laquelle il n’y a pas que l’espèce humaine.
Comment ? En promouvant l’idée du politique comme expérience sensible, partageable par-delà les cultures et les lieux ; en engageant l’ensemble de la communauté académique dans une réflexion sans frontières sur les grands enjeux du monde contemporain que devront affronter les générations futures (l’impact des nouvelles technologies, la dégradation de l’environnement, les nouvelles formes de production de richesse, les violences contemporaines, les retours du religieux, l’urbanisation, les migrations, etc.).
Comment ? En faisant appel à l’imagination. À travers l’art de la fiction, des images et des récits qui exposent une humanité incarnée qui se débat dans l’inquiétude politique, les vicissitudes du pouvoir, et la défense des valeurs d’humanité.
Comment ? À travers un mode spécifique de réflexion : cette démarche critique exige la confrontation des idées par-delà les lieux, les langues et les cultures. Seul le décentrement et un regard critique à l’égard des idées préconçues possèdent le potentiel innovateur recherché. La puissance de conviction, l’intensité plastique, la densité stylistique d’une œuvre est souvent plus à même de stimuler l’imagination et l’engagement dans la vie de la Cité des étudiants.
Le Cercle des humanités politiques s’appuiera ainsi sur un double axe.
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Le dialogue entre toutes les sciences humaines et sociales présentes à Sciences Po afin de faire circuler les savoirs sans tourner en rond.
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La recherche collective intergénérationnelle et interdisciplinaire.
Trois questions à Laurence Bertrand Dorléac, présidente de la Fondation Nationale des Sciences Politiques
Pourquoi lancer une Maison des Arts et de la Création à Sciences Po ?
L’art a déjà sa place à Sciences Po où les humanités sont encouragées dans les enseignements. Nous voulons amplifier sa présence et son action, le rendre visible et accessible à notre communauté ainsi qu’au public extérieur. La Maison des Arts et de la Création va intensifier le dialogue entre l’art et la recherche en sciences humaines et sociales.
Quel rôle l’art et les artistes jouent-ils dans nos sociétés ?
Les artistes sont les meilleurs lanceurs d’alerte depuis les débuts de l’humanité. Ils sont les observateurs les plus attentifs du monde dont ils traduisent la raison, la beauté, la folie, la complexité, les contradictions, les non-dits. Ils naviguent en zones sensibles : ils créent les formes durables qui assurent la catharsis dont nous avons besoin pour purger la violence individuelle et collective dont nous sommes capables.
À quoi sert l’art quand on se destine à être un dirigeant du monde de demain ?
L’art n’est pas seulement un supplément d’âme et de culture, c’est une façon de penser la réalité dans sa totalité et pas seulement sa part rationnelle qui laisse trop de choses gênantes sous le tapis. Nous sommes toujours trop cartésiens et spécialisés. L’expérience artistique suppose l’observation des situations à nouveaux frais, l’invention de réponses et des formes d’audace dans la résolution des problèmes rencontrés dont toute gouvernance digne de ce nom a besoin.