SCIENCES PO INAUGURE UNE CHAIRE POUR L’ENTREPRENEURIAT DES FEMMES
Le Centre pour l’entrepreneuriat de Sciences Po inaugure ce mercredi 11 avril la Chaire pour l’entrepreneuriat des femmes, nouvelle Chaire de recherche et d’enseignement. Son objectif est de créer et d’évaluer scientifiquement des interventions visant à réduire les barrières auxquelles les femmes se trouvent confrontées dans leurs carrières, qu’il s’agisse d’accéder à des postes de leadership ou de se lancer dans l’entrepreneuriat. Elle s’adresse à la fois aux étudiantes pouvant être découragées par l’entrepreneuriat, aux dirigeants d’entreprises souhaitant être guidés dans le choix des interventions possibles ou aux pouvoirs publics désirant sensibiliser le plus grand nombre aux bonnes pratiques.
Elle vise notamment à développer les compétences entrepreneuriales, en particulier les soft skills, de plus en plus nécessaires aux évolutions de carrières dans un marché du travail en pleine transformation, afin que plus de femmes accèdent à des postes à responsabilité.
Avec le soutien des mécènes fondateurs, la Fondation CHANEL et Goldman Sachs, la Chaire développera ses activités autour de trois axes :
- Recherche : développer des travaux menés en économie expérimentale, en sociologie et en psychologie sociale principalement, portant sur le développement d’interventions visant à réduire les freins qui découragent les femmes à se lancer dans l’entrepreneuriat ou, plus largement, à atteindre des postes à responsabilité.
- Pédagogie : mettre en œuvre concrètement les résultats de la recherche, afin de créer de nouveaux enseignements et des ateliers ponctuels permettant de développer les compétences nécessaires à des carrières professionnelles inscrites dans un marché du travail en évolution.
- Diffusion des savoirs : informer la société plus largement sur les interventions efficaces pour favoriser l’entrepreneuriat et le leadership des femmes.
“Après plusieurs années consacrées à la recherche sur le genre et sur l’étude des stéréotypes, cette chaire nous permet d’aller plus loin dans l’analyse des interventions possibles pour proposer des solutions véritablement efficaces pour favoriser le leadership des femmes.” précise Anne Boring, responsable de la chaire.
“Nous sommes très fiers de soutenir la chaire pour l’entrepreneuriat des femmes. En tant qu’entreprise de dimension mondiale, nous sommes engagés à soutenir et à encourager l’émancipation économique des femmes à travers “10 000 femmes” qui a permis à 10 000 femmes de 56 pays de matérialiser un projet d’entreprise à travers une aide de formation, technique ou de financement. Ce partenariat avec Sciences Po nous permet d’aller plus loin pour faire avancer l’entrepreneuriat des femmes.” indique Celine Mechain, Partner, Goldman Sachs.
Pour Miren Bengoa, Déléguée Générale de la Fondation CHANEL, "Cette Chaire permettra de sensibiliser et former une nouvelle génération d'entrepreneurs et d'entrepreneuses, il faut faire voler en éclat les parois de verre qui brident le dynamisme des étudiantes et leur envie de créer et d'innover.
Un constat partagé sur les freins à l’entrepreneuriat
Ce constat s’appuie sur le contexte de Sciences Po qui compte un dispositif sur l’entrepreneuriat depuis 2008. Son cours d’initiation à l’entrepreneuriat, qui réunit entre 200 et 300 étudiants par an, attire 50 % de femmes, dont les résultats sont aussi bons que ceux des hommes. Or, 30 % des startups de l’incubateur sont cofondées par au moins une femme et l’incubateur ne compte que 20 % de femmes parmi l’ensemble des cofondateurs qui y sont passés. Ce phénomène s’observe aussi en dehors de Sciences Po : on ne dénombre que 26 % de femmes parmi les bénéficiaires du Statut national d’étudiant entrepreneur (chiffres de 2015-16)[1]. Sciences Po a donc cherché à comprendre les freins qui démotivaient les étudiantes à se lancer dans l’entrepreneuriat.
Rattachée au Centre pour l’entrepreneuriat, la Chaire s’inscrit donc pleinement dans sa politique de développement. Maxime Marzin, le Directeur du Centre pour l’entrepreneuriat, précise : « Ce qui me tient à cœur, c’est de pouvoir améliorer les pratiques du Centre grâce à la recherche scientifique afin d’éviter autant que possible l’apparition de biais, plutôt que de devoir les corriger a posteriori. »
On observe que ces freins à l’entrepreneuriat s’appliquent aussi aux femmes souhaitant accéder à des positions de leadership en entreprise. De nombreuses entreprises comprennent qu’une plus grande diversité serait utile pour leur développement économique, mais elles ne savent pas toujours comment y parvenir. Or, des travaux de recherche montrent que les programmes de diversité destinés aux managers et qui ont été mis en place depuis de nombreuses années peuvent être inefficaces, voire contre-productifs (certains pouvant même réduire la diversité en entreprises)[2]. D’autres interventions, notamment des programmes visant à réduire l’isolement professionnel des femmes (par le mentorat ou la création de réseaux professionnels destinés aux femmes) peuvent fonctionner, mais l’efficacité de ce type d’interventions doit davantage faire l’objet de travaux d’évaluation d’impact, que ce soit dans le secteur d’entreprises traditionnelles ou dans l’environnement des startups.
S’appuyer sur l’expertise du LIEPP et de PRESAGE et mieux informer les universités, entreprises et pouvoirs publics
La Chaire s’appuie sur l’expertise unique de Sciences Po en termes d’évaluation développée notamment au sein du Laboratoire interdisciplinaire d'évaluation des politiques publiques (LIEPP), laboratoire d'excellence (Labex) créé en 2011. Les travaux de recherche de cette Chaire s’inscriront au sein de l’axe de recherche Discriminations et inégalités sociales du LIEPP qui a pour objectif de contribuer au débat public en évaluant l'ampleur et l'évolution des discriminations en France et en analysant les défis qu'elles posent à l'action politique de lutte contre les inégalités sociales. Le programme de la Chaire s’appuie par ailleurs sur la recherche développée à Sciences Po dans le domaine de l’égalité femmes-hommes, notamment via le Programme d’Enseignement et de Recherche des Savoirs sur le Genre (PRESAGE). Depuis 2010 et la création de PRESAGE, Sciences Po a lancé plusieurs projets de recherche visant à réduire les biais de genre, par exemple leur influence dans les choix d’études des étudiantes.[3]
Grâce à cette expertise, la Chaire produira des travaux de recherche dont les résultats viseront à mieux informer les universités, entreprises et pouvoirs publics. Les travaux de recherche porteront en priorité sur l’évaluation scientifique d’interventions visant à réduire l’impact des stéréotypes et des biais de genre qui freinent les ambitions professionnelles des femmes. Le programme contribuera au développement de la recherche sur les approches optimales pour favoriser les compétences (savoir-faire et savoir-être) d’esprit entrepreneurial des femmes. Le premier policy brief portera sur la question de la prise de parole en public des femmes et des interventions visant à les aider à développer leurs compétences en ce domaine.
[1] https://www.pepite-france.fr/
[2] Ces travaux de recherche ont été résumés dans un article de 2016 du Harvard Business Review : Why Diversity Programs Fail.
[3] http://www.anneboring.com/research.html
À propos de Sciences Po
Fondée sur des valeurs d’ouverture et d’excellence, Sciences Po est une université de recherche sélective de rang international dont le modèle unique associe spécialisation en sciences humaines et sociales, pluridisciplinarité et ancrage professionnel pour former des acteurs qui comprennent et transforment la société. La diversité étant un élément structurant de son identité, Sciences Po compte 47 % d’étudiants internationaux issus de 150 pays et 27 % des élèves sont boursiers contre 6 % en 2000.
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